Je n’avais nulle autre richesse que toi.
‘ Tu ne me reverras plus. Je ne reviendrai pas. Poursuis ta vie, je ne m’en mêlerai plus. Ce sera comme si je n’avais jamais existé.’ Ce sont les dernières paroles que tu m’aies dites avant de partir.
Elles ne m’ont jamais quittées depuis, défilant dans ma tête inlassablement, pavant les chemins de ma vie vers l’Enfer. Durant mes nombreuses nuits blanches, j’ai essayé de trouver un sens à ces mots, mais en vain. Bien sûr, je savais ce qu’ils signifiaient pour toi, tu ne m’aimais plus. Mais pour moi, il n’y avait aucune signification à cela. Parce que, tu vois, Edward, tout ce qui reste désormais de moi, c’est ce qu’il reste de toi. Tu m’as offert tout ce qu’on était et laissé tout ce qu’on ne sera jamais.
J’entends encore le bruit du moteur de la Volvo garée en bas de chez moi. Je me rappelle de toutes tes caresses et je compte maintenant, celles qui ne sont pas là. Je me souviens des ‘je t’aime’, de tous ces mots doux et tendres murmurés à mon oreille, ta main posée sur mon cœur, de ces gestes que tu avais pour moi. Je porte encore au fond de ma mémoire la berceuse que tu as composée. Je revois chaque parcelle de ta peau marmoréenne, chaque contour de ton corps si parfait, chaque reflet de tes yeux quand ils avaient la couleur de l’or en fusion ou la couleur du noir onyx, chaque petite expression de ton si beau visage et, ce sourire en coin que j’aime tant. Mais plus que tout, je sens l’oppression de ton absence…si présente. Elle ressemble à ces raz-de-marée emportant tout, ensevelissant ce qui ose subsister à leur passage.
Je me prends parfois à rêver (éveillée) que mon âme s’échappe de mon corps, ou devrais-je plutôt dire de ma chaire - cette chaire martyrisée qui n’est plus, au moment où j’écris ces mots, qu’une douleur sombre et lancinante. Je m’envole alors vers le ciel, le Soleil, les étoiles, les galaxies prenant en otage l’Univers entier. Cet Univers où tu es éternel, contrairement au mien, où tu as été si éphémère.
Depuis le jour de ma venue au monde jusqu’à cet instant précis où, pour la première la fois, j’ai posé mes yeux sur toi, je n’avais fait que dormir. Il aura fallu toi et dix-sept longues années pour que je m’éveille enfin à la vie ! Je t’aurai voulu depuis tellement d’années !
Le cœur enfin vivant, je désirais fusionner nos destins pour que ta vie me parcoure à jamais.
Je me demande après cela : comment puis-je m’y prendre pour faire comme si tu n’avais jamais existé ? Je ne trouve pas de réponse. Peut-être que cette réponse n’existe pas, où peut-être (sûrement) que je n’ai pas envie de la trouver.
Je n’ai que toi d’horizon. Ton départ est comme une arme pointée sur ma tempe, la détente prête à être déclenchée par moi-même, d’un instant à l’autre… simplement pour faire cesser ce mal qui, habitant mon corps, le creuse chaque jour un peu plus. Mais je ne le ferai pas. Pas pour toi… ni pour moi, mais pour Renée et Charlie. Je n’ai pas le droit de leur infliger cela.
Alors, je continue de respirer, de me coucher le soir, de me lever le matin, de m’alimenter (avec le peu d’appétit qui me reste), d’aller au lycée, de faire mes devoirs,… J’évite cependant soigneusement les miroirs et le regard des gens, je n’ai plus envie de me revoir.
Le présent m’échappe, le passé me retient et l’avenir… mais quel avenir ? Le temps s’écoule mais il passe pour rien.
Tu te rappelles, tu me disais que ta force, ta morsure, ton venin et même, ta famille étaient dangereux pour moi. Et bien, tu avais tort. La seule et unique chose (je l’ai inconsciemment toujours su) qui pouvait être réellement dangereuse, est la décision que tu as prise. Celle de me quitter et de partir. C’est ironique quand on y pense ! Toi, qui passais le plus clair de ton temps à me protéger de tout et de rien, tu es devenu l’auteur de ma faillite !
J’aimerais poser cette question dans l’infinie :
Que me reste-t-il de vie après toi, Edward ?
Bella